Skip to main content

-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-


Avant tout, 

Il était neuf heures ce matin là quand je descendis de la garde. Depuis trois jours, je n’avais presque pas fermé les yeux. Deux de mes camarades de service avaient eu un accident. Un inspecteur des impôts qui rentrait très tard sûrement d’une inspection dans une boîte de nuit et honnêtement soûlé, les avait, pour simplement dire, ramassé avec sa berline avant d’aller finir de cuver sa tasse contre un panneau publicitaire au grand carrefour de st Michel. Le troisième avait disparu on ne sait où. Seul avec les deux stagiaires, j’ai dû assurer soixante-douze heures durant, le service. Le chef section venait de m’accorder douze heures de repos en prenant ma place.

J’étais donc rentré chez moi les yeux lourds de sommeil et le téléphone sonna. C’était Brigitte. Je raccrochai sans dire un mot. Le téléphone sonna de nouveau. Cette fille m’énerve. Je décrochai tout énervé, décidé à lui vider mon sac noir plein la figure. Sur le coup, je reconnus la voix de la mère de Ali.

- Bonjour maman, lâchai-je malgré moi.

- Mon fils, ton ami a besoin de toi.

- Ah ! Où est-il ?

- A l’hôpital.

- Pourquoi, qu’est ce qui s’est passé ?

- Il est malade depuis une semaine.

- Je repris ma moto, malgré moi, le sommeil et la fatigue, pour foncer vers l’hôpital.

Une semaine plus tôt, Ali m’avait appelé au service.

- Allô Noukpo ! Comment tu vas ?

- Bien et toi ?

- Bien également. Du moins pour le moment. Devine la dernière.

- Nous avons reçu un message de l’univers.                                                                                                                              

- Non, tu n’y es pas. J’ai le Sida.

- Alors là, bravo ! C’est bien fait.

- Et tu as raison, passe me voir dans la semaine. Allez, Tchao !

C’est là, le genre de blague que mon ami Ali aimait à faire. Mais parfois, de façon aussi banale et inattendue, il m’apprenait des nouvelles bouleversantes ou des informations ultra secrètes ou encore les dernières découvertes.  On ne savait exactement quand il disait vrai ou quand il blaguait. C’était tel, que moi, je l’aimais et l’admirait.

Lorsque je pénétrai dans la salle où Ali hospitalisé passait ses dernières heures, toute la fatigue et le sommeil avaient disparu. Il était sous sérum, très pâle, il est vrai, mais avec son éternel sourire et sa bonne santé, je ne pouvais jamais douter à l’instant que le mal du siècle l’avait déjà rongé.

- Maman s’il te plait va à la maison, il n’y a plus rien à faire ici.

- Je vais mourir tout à l’heure.

J’éclatai de rire et sa maman me répondit :

- Depuis deux jours il me dit qu’il n’attend plus que toi pour mourir.

- Ça va maman, vas y maintenant.

- Là, tu es complètement fou, Ali. Sa mère venait de sortir, déçue.

- Qu’est-ce que tu as ? Qu’est-ce qui te prend à parler ainsi à ta mère ?

- J’ai le SIDA. Il ne faut pas rire, tu as raison quand tu me disais, il y a quelques jours que « c’est bien fait ». Vois-tu Noukpo, quand on a le courage de regarder la vie en face, et d’accepter son sort avec tout ce que cela peut comporter de bas comme de haut, on n’a plus peur de rien.

Beaucoup d’hommes sur cette terre viennent plutôt exécuter une tâche sommaire que pour accomplir une mission. Très peu ont une mission ; ce sont les élus de Dieu. La tâche qui m’est assignée, je m’en suis acquitté en toute bonne foi et je crois que malgré la volonté de tout mon être à rester encore sur terre et profiter des plaisirs de ce bas monde, mon âme veut retourner à Dieu. Le sida qui me ronge n’est qu’un moyen parmi tant d’autres dont Dieu se sert. Ce n’est pas une fatalité. C’est peu être aussi l’occasion de sensibiliser les jeunes sur les risques de cette maladie et son premier objectif qui est de ramener un peu plus de pudeur et de morale dans les cœurs des humains.

Aussi, tu es le seul à savoir toute la vérité. Le test, je l’ai fait à trois reprises dans trois centres différents sous de fausses identités, il y a deux mois quand j’ai appris le décès de Rose (la chanteuse du groupe Zouk Soleil). Voilà, tu sais tout maintenant.

-Ali mais ce n’est pas vrai, tu veux vraiment mourir ?

- Je te l’ai déjà dit. S’il m’était possible de convaincre mon âme de me laisser cinq ou dix ans encore, je l’aurais fait.

-Il faut prier, la prière sauve et guérit.

- Ce n’est pas la prière qui sauve, c’est la foi, et je n’ai pas cette foi là. Toi non plus ; et même si on s’y mettait à plusieurs, ce serait en vain. Il y malheureusement de nos jours très peu d’endroits sur terre où la volonté de Dieu consent descendre. 

-Ali, tu crois aussi en Dieu ?

-Tout homme qui respire croit en Dieu. Ceux qui s’évertuent à le nier ou à l’ignorer, confirment pas là même et plus encore son immensité et sa gloire. Maintenant tu vas me demander où j’ai laissé mon bon sens. Je te l’avoue aussi pour être en paix, je l’ai usé à me venger de ceux que malgré moi, je n’ai pas pu m’empêcher de haïr.

Figure-toi que j’ai laissé croire à mes collègues de la radio (Ali est animateur journaliste à la radio pour ceux qui ne le savent pas) que c’est le chef programme qui m’a empoisonné lors de la fête de pâques.

- Mais, …

- Non, ne dis rien. Je l’ai déjà fait accord-moi ce plaisir. A ma mère et à mes parents je leur ai fait croire que c’est mon oncle qui m’a envoûté ; parce que j’ai dénoncé ouvertement à la Radio, son adultère avec la femme du ministre du plan.

- Mais tu es complètement fou.

Enfin, tu me reprocheras d’abandonner tous mes espoirs et mes rêves. J’ai choisi un successeur pour continuer la lutte que je menais contre la fatalité. C’est toi.

- Là, tu es vraiment fou.

- Même si je le suis, il est trop tard pour me le faire accepter.

Tient cette clé, c’est celle de mon coffre. J’ai averti maman pour qu’elle te le remette. Il y a tout là dedans. Des photos compromettantes, des histoires pas vraies, des combines impossibles des hommes politiques ; fais-en ce que tu voudras.

- Ali as-tu pensé à ta mère et à ta fille ?

- Je sais que maman est courageuse et Héroïne est une brave fille.

Maintenant va te reposer, tu as yeux lourds de sommeil. Ramène la vieille à la maison si elle est encore là.

Il aura fallu dix ans, dix bonnes années de réflexions pour me décider à publier ces textes réunis dans ce recueil. Non pas qu’il soit si difficile que ça de le faire, mais c’était une décision qui méritait bien d’être réfléchie car elle posait un dilemme.

Ce sont des textes d’une rare beauté malgré la naïveté des thèmes et la simplicité du vocabulaire, que j’avais envie de faire découvrir à tous ceux qui connaissaient ALI comme un journaliste et animateur, beau parleur et éternel blagueur mais qui ignorait que cet esprit jeune, chanceux et bagarreur avait aussi de l’art et du génie. Il me revenait ce faisant, malgré moi, de rétablir certaines vérités et disculper des personnes injustement accusées.

En même temps je voyais l’amertume, le désespoir et la honte que ces vérités causeraient chez les siens d’une part et la révolte de ses amis et de tous ses auditeurs qui l’aimaient tant, d’autre part. Ce livre est le premier des manuscrits laissés par Ali et il fallait, si je devais publier ses œuvres à titre posthume, que toute la vérité se fit sur son histoire dès le début et que ceux qui le connaissaient et les autres puissent le juger pour ce qu’il est vraiment.

Je m’étais alors demandé si c’est à moi que revenait la charge de porter le témoignage de ces vérités et me faire l’ennemi de ces proches, de ces parents et des milliers d’auditeurs fidèles à ses émissions et à sa mémoire.

Au début, je me suis amusé à questionner ses voisins, ses amis et quelques personnes biens réfléchies qui le connaissaient, sur la cause réelle de sa mort. Pour certains, c’était un empoisonnement de son chef et pour d’autres, évidemment un envoûtement de son oncle. A mon insistance, toutes ces personnes me répondaient que s’il y avait une autre raison, il n’y aurait que moi qui puisse l’apporter car j’étais son plus intime ami, le dernier qui l’ai vu vivant. Malgré mon doute affiché, l’on me sonnait de croire à l’une ou l’autre des versions qu’il avait lui-même servies de son vivant. D’ailleurs, en Afrique, on ne meurt jamais naturellement ou par maladie survenue. Il y a toujours une main derrière. J’ai alors décidé de me taire, d’oublier toute cette histoire et un jour peu être, aurai-je le courage de brûler toute cette paperasse ou l’offrir à une bibliothèque ou un musée.

Il y a un an de cela les cafards et les rats avaient envahi ma modeste demeure de célibataire et avaient failli me faire perdre Brigitte que j’ai finie par aimer à la folie. J’avais donc vidé ma cabane pour tout brûler excepté mes chaussures, mes jeans, mes tricots et ma chemise, quand, à la radio, j’appris le décès de l’oncle de Ali ; sûrement rongé par l’amertume dans lequel l’avait jeté l’abandon total de ses proches. La seconde fois, la première fille de Rose, qui cherchait des indices pour retrouver son vrai père, parmi la multitude d’amant tous célèbres qu’avait connu sa mère, était tombé sur une lettre de Ali ; et remonta jusqu’à moi. Enfin, lorsque je croyais ma décision irrévocable, car je m’étais convaincu qu’il fallait taire cette vérité et offrir à la postérité une idole exemplaire et m’étant résolu à porter ces lourds secrets, le verdict était tombé et refusait les dommages que réclame le chef service de mon ami renvoyé au lendemain de son décès. C’était là des évènements qui ne pouvaient me laisser indifférent. La vérité que je détenais réclamait pour des accusés, justice. Ne fallait-il pas la rétablir ? Convaincu que c’est la force des choses qui veut que toute vérité soit sue un jour ou l’autre, j’ai décidé de publier le premier des manuscrits laissés par Ali EROS, mon ami ; l’animateur au gros cœur, le journaliste le plus craint des autorités, l’éternel blagueur, celui qui se faisait appeler Mobalikitoko par ses amis. Car c’est le manuscrit qui reflète le moins possible, la nature réelle de rebelle de mon ami.

C‘est un vieux classeur plein de paperasses sur lequel Ali avait écrit à l’encre noire : TRIVIALIQUES.

Lorsque je le parcourus, c’était plutôt un journal intime. Des feuilles blanches, format A4 comportant au recto un poème ou une critique et au verso, un commentaire qui rend compte de ses activités, de ce qu’il pensait, lui, de ce qui se disait et se faisait autour de lui. Contrairement à ce que je cru les premiers jours, le commentaire au verso ne concernait pas le poème au recto, mais celui sur la feuille suivante. Seulement deux feuilles étaient datées. Un autre défi restait à relever, celui de retrouver la suite chronologique des textes et des commentaires ; tâches pas du tout aisée quand on sait que Ali avait la manie de taire les preuves et de les faire surgir au moment opportun.

Les douze dernières pages étaient des brouillons. Des paragraphes entiers rayés et un texte moins vindicatif, moins critique et plus concis, fut repris au crayon à coté. C’est en ce moment que je compris que mon ami avait sûrement projeté de publier ses textes. Ce difficile travail d’ordre achevé tant bien que mal dans le manuscrit, il me reste à trouver un titre à cette œuvre qui n’était pas à proprement dit un recueil de poème ni un journal dans le vrai sens du terme. J’ai fini par conserver ce titre qu’il avait lui-même choisi : TRIVIALIQUES que je laisserai le soin aux intellectuels d’expliquer ; auquel j’ajoutai pour des esprits moins pointus comme le mien : ou journal d’un poète.

Voilà ma modeste contribution à la publication de cette œuvre de génie plein d’art dont l’auteur a beaucoup d’estime dans le cœur de mes concitoyens. J’espère que ces quelques tristes vérités que je viens d’apporter, ne jettent pas un voile assez lourd sur vos sentiments et vous permettraient en sachant désormais toute la vérité, d’apprécier autrement et en toute conscience Ali Eros. Je ne jugerai pas mon travail de satisfaisant, mais je demanderai à toute personne qui pourra apporter quelques éléments de vérité pour étayer les zones d’ombres qui y persistent encore, de bien vouloir se manifester. Enfin, je proposerai à toutes les personnes dont les noms figurent dans ces écrits et qui sont vraiment concernées, de trouver, non une atteinte à leur vie privée mais l’honneur que leur fait Ali d’avoir été de leurs proches. A tous ceux là, je dis merci. Aux lecteurs, je demande pour moi de l’indulgence et du pardon pour mon ami. 

Noukpo WHANNOU


A toi ma mère qui m’a tout donné. Puisse la paix du Seigneur te combler de toutes ses grâces





Un jour je reviendrai

A la source de mes nostalgiques d’enfance

Obsessions du vulgaire

Mon cœur est chaud à en mourir

Je sais qu’un jour je reviendrai

Ma demeure ne sera plus la même

Mon toit n’aura plus ces couleurs

Que je lui connais si vives

Là sous mes yeux

Ne m’en voulez pas et ne m’adulez pas

Les pieds nus je marcherai dans ce sable noir

Et je soulèverai aussi cette sombre poussière

Oui je sais qu’il me faut revenir

Ma mémoire emprisonnée à ce quotidien

Et mon âme qui résonne à son rythme

Non je reviendrai

Bien avant que cette ville ne soit un souvenir

Dans l’histoire des peuples oubliés et opprimés  

C’est sûr, je reviendrai

Et si tu vis toujours dada ma mère

Je te ferai asseoir et même si tu n’es plus belle

Je tresserai tes doux cheveux alors blancs

Et le soir, j’irai m’asseoir dans le canapé de père

Et jusqu’au crépuscule

Je bercerai mon cœur des mélancolies de cette époque ci

Oui je reviendrai.


Mes muses



Mes Muses sont en transe,

 Mon âme s’enchante

Et mon cœur s’afflige de n’être de la danse

Ma mémoire s’élève et je pense.

Mais comment vous faire entendre

Pauvre mortel que je ne me possède

Comment vous faire battre la mesure

Aux pas cadencés des Muses

Gestes nobles auxquels j’aspire

Et comment vous faire croire qu’en ce bas monde

Il y a plus de bonheur que ne peut saisir

La raison mortelle des hommes

Et comment .........


.........et comment ?


User de ma raison, la même la mortelle

Et concevoir en plus de vers que de mots

Le mieux que possible

Ce que ne peux saisir mon intelligence


Oh ! Poèmes de mes moments d’évasions

Simulacres de la réalité divine

Faites croire aux humains ce que n’a pu seul

Ma verve divine.



Danse, femme noire



Danse femme noire femme africaine

Altesse des dunes ensoleillées

N’essaie pas de me séduire mais danse

Soit une gazelle une biche en rut

Excelle de ton corps et de ta sveltesse

Pour la gloire de ta couleur danse

Reine des Mornes

Par vallons et rivières

Au bord de l’océan

Oublie que je suis là et livre tes secrets

Usurpe à ton cœur grâce et délires

Reine des désirs

Danse et rends-moi fou

Mirages sont l’expression de tes gestes

Ou pour moi ou pour rien

Danse

Impériale beauté

Danse pour l’amour de Dieu.





La danse



Dans sa noire couleur

Pleine de ton sang rouge et vif

Ta beauté vit

Une perle par ton cou retrouve sa pureté

Et tes dents dans leur candide blancheur

Valent bien ta nudité

La vivante clarté de ta peau noire

En accord avec les rondeurs de ton corps

Adore la danse

Oh la danse !

Tes pas répondant à la folie des tam-tams

Ton corps qui s’éprend du rythme

La musique dans tes yeux  

Et ta tête qui n’est plus

Oh la danse !

Quand toute ta personne

Dans une kyrielle de frénésie

Et d’exaltation

Communie avec la joie de la foule

Autour

Oh la danse !

La danse en toi rugit

Tambours de mes ancêtres

Merci

Merci à vous qui réalisez la beauté de la femme noire

A vous qui apprenez à ses hanches

Le rythme décent de la séduction

Merci

Car jamais homme n’y résistera.




Animiste



Animiste sort ta calebasse

Cabaliste grégaire des temps immémoriaux

Animiste sort de ta calebasse

Maître des cultes ésotériques

Tes dieux t’appartiennent

Comme eux, tu es fait

De terre    D’air    De feu   D’eau

Animiste est mon corps noir

Roi de la nuit

Animiste est mon sang

Et je sens en mon âme

La source des rites ancestraux

L’origine du monde

Terre      Air     Feu   Eau

Sacrifice

Sacrifice de sang

Sacrifice ombilical lien invisible

Entre mes dieux et moi

Pacte de sang preuve d’amour

Conspiration

Sacrifice

Sacrifice de corps

Danses apocalyptiques

Vibrations concordantes

Aux diapasons des dieux et des esprits invisibles

Transes hypnotiques

Vodoun

Et sacrifice

Et sacrifice de soi

Faire corps et âme avec les dieux

Et être enfin aussi invisibles

Entrer dans la danse du mystère

Et boire à la source du sang occulte

Sorcellerie

Pour enfin être en Dieu

Intégrale en soi

 Partie intégrée

De la multiplicité fait Une

Animiste tu es dieu.




Savoir vivre



Des gouttes d’eau

Les feuilles mortes immobiles

Une lueur de lumière

A travers la pluie qui tombe

A travers les feuilles sous le ciel

Gris de trop de nuage

Et point de vent.



Ainsi tout est triste dans cette froidure

Un train qui passe et ne siffle pas

Mais un train grince

Et les rails en disent plus long

La fille est assise toute seule

Parmi tous les autres

Heureuse pour rien

Seulement pour rien

Songeuse et vivante elle pense

A cet instant qui à jamais est souvenir

Rêve secret dans cette immense mémoire

Où viendront s’entrechoquer

Bien d’autres images

Oui il faut savoir vivre sa vie.





J'aime la vie



J’aime la vie

 Sa figure épatante

Si j’envie

C’est qu’on me tente


J’aime la vie

Son luxe éclatant

Sans toit et sans lit

Car je l’aime vraiment


J’aime la vie

Quand je l’entends

Mugir l’abas et ici

Aussi fort que le vent


J’aime trop la vie

Mais sagement

Tu le dois aussi

Et simplement


Aimer une amie

C’est emmerdant

Aimer la vie

C’est encourageant


Oui, j’aime la vie

Avec une passion latente

Car elle est du paradis

Et vit dans l’attente



Non, aimer la vie

Comme un amant

C’est haïr la vie

Très prudemment


Vraiment j’aime la vie

Debout je la prends

La mort aussi

Car couchée elle m’attend




Calavi



La terre est rouge

Une fierté de sang

Dans les grands bourgs

Au bord des étangs

Tristes modestes

Sur des visages

Noirs et sans gestes

Vit sans présage.



Mon cœur sans regret

Voudrait te revoir

Tes routes de grès

Kpota dans le soir

Les cris des poulies

La voix du muezzin

Avant le matin

Oh ! Ma ville tu vis.



Et tes papayers

Si douces et fraîches

Tes beaux orangers

Ton huile si sèche

Et l’eau de tes puits

La source de la vie.

Oh ! Même dans la nuit

Calavi tu vis.



Et à ton réveil

La brume partout

Ah ! ville merveille

Des oiseaux bijoux

Un monde de fée

De mille mirages

Aux dieux enlevés

Sont ton visage.



Puis un jour il pleut

Une odeur de terre

Emane et m’émeut

Et je sens le vert

Odeur mendiée

De la brousse verte

De l’anacardier

Ses fleurs ouvertes....



Oui à Calavi

S’il faut que je meure

Ce sera sans peur

Ô toi mon ami

Dans cette demeure

Va coucher ton cœur

Là dans cet abri

Où coule le bonheur.





Partir



Partir 

Un soir d’harmattan

Les rues vides la ville morte

Comme un garçon en fugue

Partir

Tant pis si la mère se fait du souci

La jeunesse a le droit de se tromper

Je suis libre.


Partir avec une fille et l’amour

Tout le reste n’a plus de sens

On est heureux

Le bonheur sous nos mains

Libre



Partir

Quand on a plus que ça à faire

D’ailleurs il n’y a plus rien à sauver

Peut être une âme

Et quand on y croit plus

Partir vagabond

La liberté retrouvée

Tel le vieillard qui s’en alla se reposer 

Après avoir cassé sa pipe.


Partir

Pour retrouver ses ancêtres

Partir quand on en a mare

Sans rancune et sans haine

Seulement tourner le dos

Et oublier le passé.



Je sens le vent du sud

Un souffle nouveau

Monter du tout au fond de moi

Libre

Libre

Ne pas fuir

Ne jamais fuir

Mais attendre

Attendre assez

Pour

Partir.




Je pense



Le soir tombe

Avec lui la lune

La lune monte

Avec elle le soir


Et moi dans mon coin

Je pense à mon prochain bonheur

Vous fleurs qui chantez bien

Chantez aussi en chœur


Toi chien qui aboie dans le lointain

Vois-tu dans mon cœur

Vois-tu

Ces pages éclaires

Que je ne peux lire

Vois-tu

Tout mon futur

Que je ne peux fuir


La nuit s’enfuit

Avec elle la lune

…………………..

…………………..

La lune partit

Avec elle la nuit


Et moi toujours dans mon coin

Je pense

Toi soleil qui te lève brille et luit

Réchauffe-moi et

Réveille mon cœur meurtri.




Juste une nuit



Il faut une nuit

Toute une nuit

Tu m’apprendras à t’aimer

Et à exalter ton corps.



Il faut une nuit

Une nuit de tendresse

J’apprendrai à t’aimer

A t’aimer encore

Encore plus fort


Il faut une nuit.


Toute une nuit de caresse

Je passerai mais mains dans tes cheveux

Et je te dirai aussi que je t’aime


Il faut une nuit

Une nuit d’allégresse

Je te prendrai par la taille

Et nous danserons lentement

Au rythme de ton cœur


Toute une nuit d’ivresse et d’adresse

Je te regarderai

Et tu me laisseras lire

Dans tes yeux azurés

Tout mon rêve

Rêve de lenteur et de paresse.


Non, il faut une nuit

Un soir ne saurait suffire

Vraiment toute une nuit d’amour.




Et ton corps



Il me faut ton corps

Pour exprimer mon art

Pour extérioriser mon âme

Il me faut ton corps

Pour te livrer mes secrets les mieux intimes

T’apprendre à m’aimer encore et toujours

T’amener à transcender

Pour goutter à deux

Les délices des calices de Dieu



Je veux ton corps et je veux ton corps

Te voir danser et te voir danser

Volutes

Danser et te découvrir

Un bouton de rose qui s’ouvre

Te découvrir de ta plus belle parure

Dans ton originelle tenue

Te voir danser ainsi

Et te voir danser longtemps

Pure

Candide

Telle est la volonté de Dieu

Je veux ton corps tout ton corps

Arpenter de mes doigts 

Ausculter et rechercher

Sur cette terre des mille et une aventures

Le trésor que Dieu sur toi a mis au sixième jour

Je te veux et il me te faut

Corps d’amour dont je rêve nuit et jour.





Et j'attends



Et j’attends et le temps passe

Passe inlassablement

Tu t’es enfuie et je suis là

Timide indécis à t’attendre

Te comprendre te pardonner

Quoi faire

Partir ?

Mourir ?

Gestes inutiles


Et j’attends

                   veule

           immobile

   absent

Visions incolores

Images qui défilent

Incohérentes

Et j’attends un corps qui flotte

Entre le ciel et la terre

Rythme

Douceur

Candeur

Tendresse

Et j’attends et tu sais

Que tu reviendras

Et j’attends et j’attends

Et tu sais que j’attends

Alors j’attends

Et je t’attends.




Nicole



D oux paysage de rêve sous le ciel bleu de Lavaux

U n havre en pente où autour des toits roux et beaux

B aignent dans le calme et l’amour mille vignes enlacées

O hé elles voient dans l’herbe une fille et chante pour elle

U val concert qui l’accompagne comme trois sirènes

X euxis où es-tu vient peindre cette souveraine.



N aïve son cœur s’est envolé chimérique par moment

 I ntime obsédée elle descend au bord du lac Leman

C hercher l’Espagne de ses châteaux dans la neige et le vent

O ffrant son cœur à la nature charmante et frivole

L uronne dans ses cheveux une fleur aux rouges corolles

E t dans son immense mémoire un rêve qui l’affole.








Folie pastorale ou bergère

Rêves de hauteur et Himalaya

Poinçon et marteau

Passion abrupte de sculpteur

Taille le marbre taille le bois

Mille couleurs se mélangent et dansent

Une note Si une note La

Un accord sur le dos

Une âme chante le change

Le cuire tendu vibre un bémol sourd

Sous les mains rugueuses du Houngan

Une sueur dans la foule

Une sur le dos du joueur

Peut-être la même

Dans les narines de la danseuse

Et je gueule ma foi

Qui emporte mon âme

Qui vibre.

Je suis fou

Je suis aussi artiste.





Je pleure



Face à l’impossible

Il vaut mieux pleurer

Laisser couler les larmes

Ruisseaux libérateurs

Lavez mes veines

Emportez ma misère

Il faut pleurer

Comme on chante

Car avant de mourir

Il faut rire

Et pleurer aussi

Pleurer de joie ou dans l’amertume

Pleurer quand même

Oui Noukpo

Voilà pourquoi je pleure

Mon ami.