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Il était neuf heures ce matin là quand je descendis de la garde. Depuis trois jours, je n’avais presque pas fermé les yeux. Deux de mes camarades de service avaient eu un accident. Un inspecteur des impôts qui rentrait très tard sûrement d’une inspection dans une boîte de nuit et honnêtement soûlé, les avait, pour simplement dire, ramassé avec sa berline avant d’aller finir de cuver sa tasse contre un panneau publicitaire au grand carrefour de st Michel. Le troisième avait disparu on ne sait où. Seul avec les deux stagiaires, j’ai dû assurer soixante-douze heures durant, le service. Le chef section venait de m’accorder douze heures de repos en prenant ma place.
J’étais donc rentré chez moi les yeux lourds de sommeil et le téléphone sonna. C’était Brigitte. Je raccrochai sans dire un mot. Le téléphone sonna de nouveau. Cette fille m’énerve. Je décrochai tout énervé, décidé à lui vider mon sac noir plein la figure. Sur le coup, je reconnus la voix de la mère de Ali.
- Bonjour maman, lâchai-je malgré moi.
- Mon fils, ton ami a besoin de toi.
- Ah ! Où est-il ?
- A l’hôpital.
- Pourquoi, qu’est ce qui s’est passé ?
- Il est malade depuis une semaine.
- Je repris ma moto, malgré moi, le sommeil et la fatigue, pour foncer vers l’hôpital.
Une semaine plus tôt, Ali m’avait appelé au service.
- Allô Noukpo ! Comment tu vas ?
- Bien et toi ?
- Bien également. Du moins pour le moment. Devine la dernière.
- Nous avons reçu un message de l’univers.
- Non, tu n’y es pas. J’ai le Sida.
- Alors là, bravo ! C’est bien fait.
- Et tu as raison, passe me voir dans la semaine. Allez, Tchao !
C’est là, le genre de blague que mon ami Ali aimait à faire. Mais parfois, de façon aussi banale et inattendue, il m’apprenait des nouvelles bouleversantes ou des informations ultra secrètes ou encore les dernières découvertes. On ne savait exactement quand il disait vrai ou quand il blaguait. C’était tel, que moi, je l’aimais et l’admirait.
Lorsque je pénétrai dans la salle où Ali hospitalisé passait ses dernières heures, toute la fatigue et le sommeil avaient disparu. Il était sous sérum, très pâle, il est vrai, mais avec son éternel sourire et sa bonne santé, je ne pouvais jamais douter à l’instant que le mal du siècle l’avait déjà rongé.
- Maman s’il te plait va à la maison, il n’y a plus rien à faire ici.
- Je vais mourir tout à l’heure.
J’éclatai de rire et sa maman me répondit :
- Depuis deux jours il me dit qu’il n’attend plus que toi pour mourir.
- Ça va maman, vas y maintenant.
- Là, tu es complètement fou, Ali. Sa mère venait de sortir, déçue.
- Qu’est-ce que tu as ? Qu’est-ce qui te prend à parler ainsi à ta mère ?
- J’ai le SIDA. Il ne faut pas rire, tu as raison quand tu me disais, il y a quelques jours que « c’est bien fait ». Vois-tu Noukpo, quand on a le courage de regarder la vie en face, et d’accepter son sort avec tout ce que cela peut comporter de bas comme de haut, on n’a plus peur de rien.
Beaucoup d’hommes sur cette terre viennent plutôt exécuter une tâche sommaire que pour accomplir une mission. Très peu ont une mission ; ce sont les élus de Dieu. La tâche qui m’est assignée, je m’en suis acquitté en toute bonne foi et je crois que malgré la volonté de tout mon être à rester encore sur terre et profiter des plaisirs de ce bas monde, mon âme veut retourner à Dieu. Le sida qui me ronge n’est qu’un moyen parmi tant d’autres dont Dieu se sert. Ce n’est pas une fatalité. C’est peu être aussi l’occasion de sensibiliser les jeunes sur les risques de cette maladie et son premier objectif qui est de ramener un peu plus de pudeur et de morale dans les cœurs des humains.
Aussi, tu es le seul à savoir toute la vérité. Le test, je l’ai fait à trois reprises dans trois centres différents sous de fausses identités, il y a deux mois quand j’ai appris le décès de Rose (la chanteuse du groupe Zouk Soleil). Voilà, tu sais tout maintenant.
-Ali mais ce n’est pas vrai, tu veux vraiment mourir ?
- Je te l’ai déjà dit. S’il m’était possible de convaincre mon âme de me laisser cinq ou dix ans encore, je l’aurais fait.
-Il faut prier, la prière sauve et guérit.
- Ce n’est pas la prière qui sauve, c’est la foi, et je n’ai pas cette foi là. Toi non plus ; et même si on s’y mettait à plusieurs, ce serait en vain. Il y malheureusement de nos jours très peu d’endroits sur terre où la volonté de Dieu consent descendre.
-Ali, tu crois aussi en Dieu ?
-Tout homme qui respire croit en Dieu. Ceux qui s’évertuent à le nier ou à l’ignorer, confirment pas là même et plus encore son immensité et sa gloire. Maintenant tu vas me demander où j’ai laissé mon bon sens. Je te l’avoue aussi pour être en paix, je l’ai usé à me venger de ceux que malgré moi, je n’ai pas pu m’empêcher de haïr.
Figure-toi que j’ai laissé croire à mes collègues de la radio (Ali est animateur journaliste à la radio pour ceux qui ne le savent pas) que c’est le chef programme qui m’a empoisonné lors de la fête de pâques.
- Mais, …
- Non, ne dis rien. Je l’ai déjà fait accord-moi ce plaisir. A ma mère et à mes parents je leur ai fait croire que c’est mon oncle qui m’a envoûté ; parce que j’ai dénoncé ouvertement à la Radio, son adultère avec la femme du ministre du plan.
- Mais tu es complètement fou.
Enfin, tu me reprocheras d’abandonner tous mes espoirs et mes rêves. J’ai choisi un successeur pour continuer la lutte que je menais contre la fatalité. C’est toi.
- Là, tu es vraiment fou.
- Même si je le suis, il est trop tard pour me le faire accepter.
Tient cette clé, c’est celle de mon coffre. J’ai averti maman pour qu’elle te le remette. Il y a tout là dedans. Des photos compromettantes, des histoires pas vraies, des combines impossibles des hommes politiques ; fais-en ce que tu voudras.
- Ali as-tu pensé à ta mère et à ta fille ?
- Je sais que maman est courageuse et Héroïne est une brave fille.
Maintenant va te reposer, tu as yeux lourds de sommeil. Ramène la vieille à la maison si elle est encore là.
Il aura fallu dix ans, dix bonnes années de réflexions pour me décider à publier ces textes réunis dans ce recueil. Non pas qu’il soit si difficile que ça de le faire, mais c’était une décision qui méritait bien d’être réfléchie car elle posait un dilemme.
Ce sont des textes d’une rare beauté malgré la naïveté des thèmes et la simplicité du vocabulaire, que j’avais envie de faire découvrir à tous ceux qui connaissaient ALI comme un journaliste et animateur, beau parleur et éternel blagueur mais qui ignorait que cet esprit jeune, chanceux et bagarreur avait aussi de l’art et du génie. Il me revenait ce faisant, malgré moi, de rétablir certaines vérités et disculper des personnes injustement accusées.
En même temps je voyais l’amertume, le désespoir et la honte que ces vérités causeraient chez les siens d’une part et la révolte de ses amis et de tous ses auditeurs qui l’aimaient tant, d’autre part. Ce livre est le premier des manuscrits laissés par Ali et il fallait, si je devais publier ses œuvres à titre posthume, que toute la vérité se fit sur son histoire dès le début et que ceux qui le connaissaient et les autres puissent le juger pour ce qu’il est vraiment.
Je m’étais alors demandé si c’est à moi que revenait la charge de porter le témoignage de ces vérités et me faire l’ennemi de ces proches, de ces parents et des milliers d’auditeurs fidèles à ses émissions et à sa mémoire.
Au début, je me suis amusé à questionner ses voisins, ses amis et quelques personnes biens réfléchies qui le connaissaient, sur la cause réelle de sa mort. Pour certains, c’était un empoisonnement de son chef et pour d’autres, évidemment un envoûtement de son oncle. A mon insistance, toutes ces personnes me répondaient que s’il y avait une autre raison, il n’y aurait que moi qui puisse l’apporter car j’étais son plus intime ami, le dernier qui l’ai vu vivant. Malgré mon doute affiché, l’on me sonnait de croire à l’une ou l’autre des versions qu’il avait lui-même servies de son vivant. D’ailleurs, en Afrique, on ne meurt jamais naturellement ou par maladie survenue. Il y a toujours une main derrière. J’ai alors décidé de me taire, d’oublier toute cette histoire et un jour peu être, aurai-je le courage de brûler toute cette paperasse ou l’offrir à une bibliothèque ou un musée.
Il y a un an de cela les cafards et les rats avaient envahi ma modeste demeure de célibataire et avaient failli me faire perdre Brigitte que j’ai finie par aimer à la folie. J’avais donc vidé ma cabane pour tout brûler excepté mes chaussures, mes jeans, mes tricots et ma chemise, quand, à la radio, j’appris le décès de l’oncle de Ali ; sûrement rongé par l’amertume dans lequel l’avait jeté l’abandon total de ses proches. La seconde fois, la première fille de Rose, qui cherchait des indices pour retrouver son vrai père, parmi la multitude d’amant tous célèbres qu’avait connu sa mère, était tombé sur une lettre de Ali ; et remonta jusqu’à moi. Enfin, lorsque je croyais ma décision irrévocable, car je m’étais convaincu qu’il fallait taire cette vérité et offrir à la postérité une idole exemplaire et m’étant résolu à porter ces lourds secrets, le verdict était tombé et refusait les dommages que réclame le chef service de mon ami renvoyé au lendemain de son décès. C’était là des évènements qui ne pouvaient me laisser indifférent. La vérité que je détenais réclamait pour des accusés, justice. Ne fallait-il pas la rétablir ? Convaincu que c’est la force des choses qui veut que toute vérité soit sue un jour ou l’autre, j’ai décidé de publier le premier des manuscrits laissés par Ali EROS, mon ami ; l’animateur au gros cœur, le journaliste le plus craint des autorités, l’éternel blagueur, celui qui se faisait appeler Mobalikitoko par ses amis. Car c’est le manuscrit qui reflète le moins possible, la nature réelle de rebelle de mon ami.
C‘est un vieux classeur plein de paperasses sur lequel Ali avait écrit à l’encre noire : TRIVIALIQUES.
Lorsque je le parcourus, c’était plutôt un journal intime. Des feuilles blanches, format A4 comportant au recto un poème ou une critique et au verso, un commentaire qui rend compte de ses activités, de ce qu’il pensait, lui, de ce qui se disait et se faisait autour de lui. Contrairement à ce que je cru les premiers jours, le commentaire au verso ne concernait pas le poème au recto, mais celui sur la feuille suivante. Seulement deux feuilles étaient datées. Un autre défi restait à relever, celui de retrouver la suite chronologique des textes et des commentaires ; tâches pas du tout aisée quand on sait que Ali avait la manie de taire les preuves et de les faire surgir au moment opportun.
Les douze dernières pages étaient des brouillons. Des paragraphes entiers rayés et un texte moins vindicatif, moins critique et plus concis, fut repris au crayon à coté. C’est en ce moment que je compris que mon ami avait sûrement projeté de publier ses textes. Ce difficile travail d’ordre achevé tant bien que mal dans le manuscrit, il me reste à trouver un titre à cette œuvre qui n’était pas à proprement dit un recueil de poème ni un journal dans le vrai sens du terme. J’ai fini par conserver ce titre qu’il avait lui-même choisi : TRIVIALIQUES que je laisserai le soin aux intellectuels d’expliquer ; auquel j’ajoutai pour des esprits moins pointus comme le mien : ou journal d’un poète.
Voilà ma modeste contribution à la publication de cette œuvre de génie plein d’art dont l’auteur a beaucoup d’estime dans le cœur de mes concitoyens. J’espère que ces quelques tristes vérités que je viens d’apporter, ne jettent pas un voile assez lourd sur vos sentiments et vous permettraient en sachant désormais toute la vérité, d’apprécier autrement et en toute conscience Ali Eros. Je ne jugerai pas mon travail de satisfaisant, mais je demanderai à toute personne qui pourra apporter quelques éléments de vérité pour étayer les zones d’ombres qui y persistent encore, de bien vouloir se manifester. Enfin, je proposerai à toutes les personnes dont les noms figurent dans ces écrits et qui sont vraiment concernées, de trouver, non une atteinte à leur vie privée mais l’honneur que leur fait Ali d’avoir été de leurs proches. A tous ceux là, je dis merci. Aux lecteurs, je demande pour moi de l’indulgence et du pardon pour mon ami.
Noukpo WHANNOU
A toi ma mère qui m’a tout donné. Puisse la paix du Seigneur te combler de toutes ses grâces

Un jour je reviendrai
A la source de mes nostalgiques d’enfance
Obsessions du vulgaire
Mon cœur est chaud à en mourir
Je sais qu’un jour je reviendrai
Ma demeure ne sera plus la même
Mon toit n’aura plus ces couleurs
Que je lui connais si vives
Là sous mes yeux
Ne m’en voulez pas et ne m’adulez pas
Les pieds nus je marcherai dans ce sable noir
Et je soulèverai aussi cette sombre poussière
Oui je sais qu’il me faut revenir
Ma mémoire emprisonnée à ce quotidien
Et mon âme qui résonne à son rythme
Non je reviendrai
Bien avant que cette ville ne soit un souvenir
Dans l’histoire des peuples oubliés et opprimés
C’est sûr, je reviendrai
Et si tu vis toujours dada ma mère
Je te ferai asseoir et même si tu n’es plus belle
Je tresserai tes doux cheveux alors blancs
Et le soir, j’irai m’asseoir dans le canapé de père
Et jusqu’au crépuscule
Je bercerai mon cœur des mélancolies de cette époque ci
Oui je reviendrai.
Mes Muses sont en transe,
Mon âme s’enchante
Et mon cœur s’afflige de n’être de la danse
Ma mémoire s’élève et je pense.
Mais comment vous faire entendre
Pauvre mortel que je ne me possède
Comment vous faire battre la mesure
Aux pas cadencés des Muses
Gestes nobles auxquels j’aspire
Et comment vous faire croire qu’en ce bas monde
Il y a plus de bonheur que ne peut saisir
La raison mortelle des hommes
Et comment .........
.........et comment ?
User de ma raison, la même la mortelle
Et concevoir en plus de vers que de mots
Le mieux que possible
Ce que ne peux saisir mon intelligence
Oh ! Poèmes de mes moments d’évasions
Simulacres de la réalité divine
Faites croire aux humains ce que n’a pu seul
Ma verve divine.
Danse femme noire femme africaine
Altesse des dunes ensoleillées
N’essaie pas de me séduire mais danse
Soit une gazelle une biche en rut
Excelle de ton corps et de ta sveltesse
Pour la gloire de ta couleur danse
Reine des Mornes
Par vallons et rivières
Au bord de l’océan
Oublie que je suis là et livre tes secrets
Usurpe à ton cœur grâce et délires
Reine des désirs
Danse et rends-moi fou
Mirages sont l’expression de tes gestes
Ou pour moi ou pour rien
Danse
Impériale beauté
Danse pour l’amour de Dieu.
Dans sa noire couleur
Pleine de ton sang rouge et vif
Ta beauté vit
Une perle par ton cou retrouve sa pureté
Et tes dents dans leur candide blancheur
Valent bien ta nudité
La vivante clarté de ta peau noire
En accord avec les rondeurs de ton corps
Adore la danse
Oh la danse !
Tes pas répondant à la folie des tam-tams
Ton corps qui s’éprend du rythme
La musique dans tes yeux
Et ta tête qui n’est plus
Oh la danse !
Quand toute ta personne
Dans une kyrielle de frénésie
Et d’exaltation
Communie avec la joie de la foule
Autour
Oh la danse !
La danse en toi rugit
Tambours de mes ancêtres
Merci
Merci à vous qui réalisez la beauté de la femme noire
A vous qui apprenez à ses hanches
Le rythme décent de la séduction
Merci
Car jamais homme n’y résistera.
Animiste sort ta calebasse
Cabaliste grégaire des temps immémoriaux
Animiste sort de ta calebasse
Maître des cultes ésotériques
Tes dieux t’appartiennent
Comme eux, tu es fait
De terre D’air De feu D’eau
Animiste est mon corps noir
Roi de la nuit
Animiste est mon sang
Et je sens en mon âme
La source des rites ancestraux
L’origine du monde
Terre Air Feu Eau
Sacrifice
Sacrifice de sang
Sacrifice ombilical lien invisible
Entre mes dieux et moi
Pacte de sang preuve d’amour
Conspiration
Sacrifice
Sacrifice de corps
Danses apocalyptiques
Vibrations concordantes
Aux diapasons des dieux et des esprits invisibles
Transes hypnotiques
Vodoun
Et sacrifice
Et sacrifice de soi
Faire corps et âme avec les dieux
Et être enfin aussi invisibles
Entrer dans la danse du mystère
Et boire à la source du sang occulte
Sorcellerie
Pour enfin être en Dieu
Intégrale en soi
Partie intégrée
De la multiplicité fait Une
Animiste tu es dieu.
Des gouttes d’eau
Les feuilles mortes immobiles
Une lueur de lumière
A travers la pluie qui tombe
A travers les feuilles sous le ciel
Gris de trop de nuage
Et point de vent.
Ainsi tout est triste dans cette froidure
Un train qui passe et ne siffle pas
Mais un train grince
Et les rails en disent plus long
La fille est assise toute seule
Parmi tous les autres
Heureuse pour rien
Seulement pour rien
Songeuse et vivante elle pense
A cet instant qui à jamais est souvenir
Rêve secret dans cette immense mémoire
Où viendront s’entrechoquer
Bien d’autres images
Oui il faut savoir vivre sa vie.
J’aime la vie
Sa figure épatante
Si j’envie
C’est qu’on me tente
J’aime la vie
Son luxe éclatant
Sans toit et sans lit
Car je l’aime vraiment
J’aime la vie
Quand je l’entends
Mugir l’abas et ici
Aussi fort que le vent
J’aime trop la vie
Mais sagement
Tu le dois aussi
Et simplement
Aimer une amie
C’est emmerdant
Aimer la vie
C’est encourageant
Oui, j’aime la vie
Avec une passion latente
Car elle est du paradis
Et vit dans l’attente
Non, aimer la vie
Comme un amant
C’est haïr la vie
Très prudemment
Vraiment j’aime la vie
Debout je la prends
La mort aussi
Car couchée elle m’attend
La terre est rouge
Une fierté de sang
Dans les grands bourgs
Au bord des étangs
Tristes modestes
Sur des visages
Noirs et sans gestes
Vit sans présage.
Mon cœur sans regret
Voudrait te revoir
Tes routes de grès
Kpota dans le soir
Les cris des poulies
La voix du muezzin
Avant le matin
Oh ! Ma ville tu vis.
Et tes papayers
Si douces et fraîches
Tes beaux orangers
Ton huile si sèche
Et l’eau de tes puits
La source de la vie.
Oh ! Même dans la nuit
Calavi tu vis.
Et à ton réveil
La brume partout
Ah ! ville merveille
Des oiseaux bijoux
Un monde de fée
De mille mirages
Aux dieux enlevés
Sont ton visage.
Puis un jour il pleut
Une odeur de terre
Emane et m’émeut
Et je sens le vert
Odeur mendiée
De la brousse verte
De l’anacardier
Ses fleurs ouvertes....
Oui à Calavi
S’il faut que je meure
Ce sera sans peur
Ô toi mon ami
Dans cette demeure
Va coucher ton cœur
Là dans cet abri
Où coule le bonheur.
Partir
Un soir d’harmattan
Les rues vides la ville morte
Comme un garçon en fugue
Partir
Tant pis si la mère se fait du souci
La jeunesse a le droit de se tromper
Je suis libre.
Partir avec une fille et l’amour
Tout le reste n’a plus de sens
On est heureux
Le bonheur sous nos mains
Libre
Partir
Quand on a plus que ça à faire
D’ailleurs il n’y a plus rien à sauver
Peut être une âme
Et quand on y croit plus
Partir vagabond
La liberté retrouvée
Tel le vieillard qui s’en alla se reposer
Après avoir cassé sa pipe.
Partir
Pour retrouver ses ancêtres
Partir quand on en a mare
Sans rancune et sans haine
Seulement tourner le dos
Et oublier le passé.
Je sens le vent du sud
Un souffle nouveau
Monter du tout au fond de moi
Libre
Libre
Ne pas fuir
Ne jamais fuir
Mais attendre
Attendre assez
Pour
Partir.
Le soir tombe
Avec lui la lune
La lune monte
Avec elle le soir
Et moi dans mon coin
Je pense à mon prochain bonheur
Vous fleurs qui chantez bien
Chantez aussi en chœur
Toi chien qui aboie dans le lointain
Vois-tu dans mon cœur
Vois-tu
Ces pages éclaires
Que je ne peux lire
Vois-tu
Tout mon futur
Que je ne peux fuir
La nuit s’enfuit
Avec elle la lune
…………………..
…………………..
La lune partit
Avec elle la nuit
Et moi toujours dans mon coin
Je pense
Toi soleil qui te lève brille et luit
Réchauffe-moi et
Réveille mon cœur meurtri.
Il faut une nuit
Toute une nuit
Tu m’apprendras à t’aimer
Et à exalter ton corps.
Il faut une nuit
Une nuit de tendresse
J’apprendrai à t’aimer
A t’aimer encore
Encore plus fort
Il faut une nuit.
Toute une nuit de caresse
Je passerai mais mains dans tes cheveux
Et je te dirai aussi que je t’aime
Il faut une nuit
Une nuit d’allégresse
Je te prendrai par la taille
Et nous danserons lentement
Au rythme de ton cœur
Toute une nuit d’ivresse et d’adresse
Je te regarderai
Et tu me laisseras lire
Dans tes yeux azurés
Tout mon rêve
Rêve de lenteur et de paresse.
Non, il faut une nuit
Un soir ne saurait suffire
Vraiment toute une nuit d’amour.
Il me faut ton corps
Pour exprimer mon art
Pour extérioriser mon âme
Il me faut ton corps
Pour te livrer mes secrets les mieux intimes
T’apprendre à m’aimer encore et toujours
T’amener à transcender
Pour goutter à deux
Les délices des calices de Dieu
Je veux ton corps et je veux ton corps
Te voir danser et te voir danser
Volutes
Danser et te découvrir
Un bouton de rose qui s’ouvre
Te découvrir de ta plus belle parure
Dans ton originelle tenue
Te voir danser ainsi
Et te voir danser longtemps
Pure
Candide
Telle est la volonté de Dieu
Je veux ton corps tout ton corps
Arpenter de mes doigts
Ausculter et rechercher
Sur cette terre des mille et une aventures
Le trésor que Dieu sur toi a mis au sixième jour
Je te veux et il me te faut
Corps d’amour dont je rêve nuit et jour.
Et j’attends et le temps passe
Passe inlassablement
Tu t’es enfuie et je suis là
Timide indécis à t’attendre
Te comprendre te pardonner
Quoi faire
Partir ?
Mourir ?
Gestes inutiles
Et j’attends
veule
immobile
absent
Visions incolores
Images qui défilent
Incohérentes
Et j’attends un corps qui flotte
Entre le ciel et la terre
Rythme
Douceur
Candeur
Tendresse
Et j’attends et tu sais
Que tu reviendras
Et j’attends et j’attends
Et tu sais que j’attends
Alors j’attends
Et je t’attends.
D oux paysage de rêve sous le ciel bleu de Lavaux
U n havre en pente où autour des toits roux et beaux
B aignent dans le calme et l’amour mille vignes enlacées
O hé elles voient dans l’herbe une fille et chante pour elle
U val concert qui l’accompagne comme trois sirènes
X euxis où es-tu vient peindre cette souveraine.
N aïve son cœur s’est envolé chimérique par moment
I ntime obsédée elle descend au bord du lac Leman
C hercher l’Espagne de ses châteaux dans la neige et le vent
O ffrant son cœur à la nature charmante et frivole
L uronne dans ses cheveux une fleur aux rouges corolles
E t dans son immense mémoire un rêve qui l’affole.

Folie pastorale ou bergère
Rêves de hauteur et Himalaya
Poinçon et marteau
Passion abrupte de sculpteur
Taille le marbre taille le bois
Mille couleurs se mélangent et dansent
Une note Si une note La
Un accord sur le dos
Une âme chante le change
Le cuire tendu vibre un bémol sourd
Sous les mains rugueuses du Houngan
Une sueur dans la foule
Une sur le dos du joueur
Peut-être la même
Dans les narines de la danseuse
Et je gueule ma foi
Qui emporte mon âme
Qui vibre.
Je suis fou
Je suis aussi artiste.
Face à l’impossible
Il vaut mieux pleurer
Laisser couler les larmes
Ruisseaux libérateurs
Lavez mes veines
Emportez ma misère
Il faut pleurer
Comme on chante
Car avant de mourir
Il faut rire
Et pleurer aussi
Pleurer de joie ou dans l’amertume
Pleurer quand même
Oui Noukpo
Voilà pourquoi je pleure
Mon ami.